De l'autorité: personne aujourd'hui n'en ignore les crises et les bouleversements. Mais vouloir reproduire certains modèles du passé, dans l'espoir de « restaurer » l'autorité, a tôt fait de montrer ses limites. Les inclinations autoritaires penchent, on le sait, vers une pente dangereuse. Tout comme on sait ardus la tâche et les efforts d'innover en matière d'autorité. Entre le respect des limites et la nécessité des transgressions, la voie sur laquelle devenir humainement « auteur et répondant » de sa parole et de ses actes, envers soi-même comme envers autrui, n'est jamais tracée d'avance.
Cette voie n'est pas étrangère à la foi, à son intelligence et à ses pratiques. Les croyant-e-s, leurs communautés et leurs institutions sont d'autant plus concerné-e-s qu'en la matière, l'autorité touche aux convictions profondes, aux manières de se référer à des textes fondateurs et des traditions, ainsi qu'aux rapports avec la société. Les études réunies dans ce volume se proposent d'en rendre compte, et d'en dégager quelques enjeux actuels, sous l'éclairage de l'histoire, de la philosophie et de la théologie. La perspective est donc pluridisciplinaire. Elle est aussi oecuménique, à la mesure de l'importance actuellement reconnue aux rapports entre autorité et dialogue, comme entre autonomie et obéissance. Traiter ces questions n'est pas faire « une » théologie de l'autorité, mais examiner les possibilités données à l'intelligence de la foi, pour qu'elle devienne auteure et répondante de ce qu'elle peut dire et faire dans le temps présent.