La mondialisation telle que nous la connaissons aujourd'hui n’est pas sans conséquence sur l’émergence des facteurs d’insécurité qui dominent le paysage politique. Lire la suite
Ces facteurs, au nombre de quatre, ont déjà été identifiés par les chercheurs du Oxford Research Group à Londres* : la compétition accrue pour les ressources, la militarisation globale, le changement climatique, et la marginalisation d'une large partie de la population mondiale.
Ces facteurs méritent non seulement d’être répertoriés, mais aussi additionnés. Ils sont tellement interconnectés qu’il serait inapproprié de les dissocier. Ce rapport développe la question de la compétition féroce pour l’accès aux ressources, en zoomant sur la situation qui prévaut sur le continent africain, un échantillon représentatif d’une situation qui se généralise. Cette course effrénée aux énergies fossiles et richesses minières mobilise les faiseurs de guerres, fait parler la poudre, donc contribue à la militarisation (2e facteur).
Cette militarisation – qui est une tendance lourde – tire profit de l’extraction des ressources, attise de nouvelles convoitises et accélère d’autant le dérèglement climatique (3e facteur), dont le chaos risque à son tour de déclencher l’intervention de forces armées. Ce « climate change » constitue à son tour un multiplicateur de menaces, en raison de l’interaction explosive entre super-extractivisme et crise climatique. Mais ces deux facteurs, sur fond de militarisation et d’exclusion, s’imbriquent aux deux autres. L’acharnement pour s’approprier les matières premières et minerais stratégiques par la violence des prédateurs appauvrit les démunis.
Pire encore, il accélère le processus de marginalisation d’une partie croissante des populations dans le monde, contribue à l’exclusion politico-économique (4e facteur), qui se manifeste à travers la prolifération des déplacés, des réfugiés (climatiques ou non) et d’États fragiles, dont 8 sur 12 se situent sur le continent africain. Ce « rideau de fer des inégalités », selon l’expression d’Amartya Sen**, suscite en ricochet des dérives militaristes, y compris les mesures contestables de sécurisation.
Chercheur associé au GRIP, Ben Cramer enseigne la géopolitique du développement durable et est l’auteur de quelques ouvrages dont « Guerre et paix… et écologie » aux éditions Y. Michel (2014). Il est l’auteur du blog https://www.athena21.org
AVANT-PROPOS
Le chantier de la « géopolitique verte »
L'engrenage de l'insécurité globale
1. LA BANDE DES CINQ
2. LE DÉBAT ONUSIEN SUR
LES RESSOURCES NATURELLES
3. L’AFRIQUE EST « MAL PARTIE »
4. ÉTATS FRAGILES
ET DÉRIVE DU CONTINENT
5. L’AFRIQUE, FOIRE D’EMPOIGNE
6. LA RIVALITÉ WASHINGTON-PÉKIN
7. LA MONTÉE EN PUISSANCE
D’AFRICOM
8. LE HUB DE DJIBOUTI : HAKUNA MATATA ?
9. LA FRANCE ET L’HÉRITAGE
DE LA « FRANÇAFRIQUE »
10. LE PÉTROLE, NERF DE LA GUERRE
11. LA SÉCURISATION DES APPROVISIONNEMENTS
ÉNERGÉTIQUES
12. LE DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE
13. LES GUERRES DE L’EXTRACTIVISME
14. LA GÉOLOGIE, ÇA SERT
D’ABORD À FAIRE LA GUERRE
15. SHINKOLOBWE ET
LES RÉACTIONS EN CHAÎNE
16. PELINDABA ET LES MAUVAIS JOUEURS
17. LES HABITS NEUFS
D’UNE INSÉCURITÉ VERTE
Pour de nouveaux ministères
Pour des « Casques verts » régionaux
Pour financer les « Casques verts »
ou « missions de paix »
Pour un moratoire comme en Antarctique